Traité sur la tolérance
 
Ce n’est plus aux hommes que je m’adresse ; c’est à toi, Dieu de tous les êtres, de tous les mondes et de tous les temps (…).
Tu ne nous as point donné un coeur pour haïr et des mains pour nous égorger. Fais que nous nous aidions mutuellement à supporter le fardeau d’une vie pénible et passagère.
Que les petites différences entre les vêtements qui couvrent nos débiles corps, entre tous nos langages insuffisants, entre tous nos usages ridicules, entre toutes nos lois imparfaites, entre toutes nos opinions insensées, entre toutes nos conditions si disproportionnées à nos yeux, et si égales devant toi, que toutes ces petites nuances qui distinguent les atomes appelés « hommes » ne soient pas des signaux de haine et de persécution.
Que ceux qui allument des cierges en plein midi pour te célébrer supportent ceux qui se contentent de la lumière de ton soleil. Que ceux qui couvrent leur robe d’une toile blanche pour dire qu’il faut t’aimer ne détestent pas ceux qui disent la même chose sous un manteau de laine noire. Qu’il soit égal de t’adorer dans un jargon formé d’ancienne langue, ou dans un jargon plus nouveau (…).
Puissent tous les hommes se souvenir qu’ils sont frères !
Qu’ils aient en horreur la tyrannie exercée sur les âmes, comme ils ont en excrétion le brigandage qui ravit par la force le fruit du travail de l’industrie paisible !
Si les guerres sont inévitables, ne nous haïssons pas, ne nous déchirons pas les unes les autres dans le sein de la paix et employons l’instant de notre existence à bénir également en mille langages divers, depuis le Siam jusqu’à la Californie, ta bonté qui nous a donné cet instant.
  Voltaire, 1763

Et oui !!!
Ce texte de Voltaire est plus que jamais d’actualité.
   
Myriam Muller